Rencontre avec ...

Publié le 24/05/2023

DES ARTISANS DANS UN MILIEU ATYPIQUE : LE ZOO D'AMNEVILLE

► Gilles GERARD, ARTISAN SERRURIER-METALLIER-CHAUDRONNIER

Quel est votre parcours de formation ? Quels sont vos diplômes ?

J’ai démarré par un BEP avec stages en serrurerie-métallerie, réalisation d’ouvrage en chaudronnerie à Thionville. Puis j’ai enchainé avec un BAC Pro en alternance à Yutz et enfin, j’ai terminé par un BTS que j’avais effectué à Hayange.

Comment devient-on serrurier-métallier dans un endroit comme le zoo d’Amnéville ? 

Après mon BTS, j’ai travaillé durant un an dans un atelier sur Hauconcourt puis au début des années 2000, je me suis lancé à mon compte. J’avais ouvert ma propre entreprise que je tenais encore il y a un an et demi … et le zoo m’a contacté. Après 18 ans d’indépendance, je me suis alors dit : pourquoi pas ? L’environnement, les chantiers, les clients seront très différents !

Des chantiers très différents ! Justement, quelles sont vos missions ?

Je conçois aussi bien des cages et enclos métalliques que je répare des loquets de fermeture ou améliore des trappes, par exemple. J’ai de nombreuses créations de pièces spécifiques à réaliser à la demande de mes collègues soigneurs et/ou vétérinaires. J’échange beaucoup avec eux sur leurs besoins, les particularités de chaque animal, … Je transforme et adapte l’existant. Rien n’est standard. Je peux aussi bien fabriquer une volière que des renforts pour la cage d’un éléphant. Et enfin, je veille à la sécurité des visiteurs en m’assurant que tous nos systèmes de fermeture soient opérationnels.

Quelles sont les qualités et compétences requises pour ce métier ?

  • Avoir de l’imagination pour créer.
  • Etre minutieux et réfléchi pour s’adapter à l’existant et aux spécificités des animaux.
  • Ne jamais se reposer sur ses acquis et être dans une démarche d’amélioration constante.
  • Etre réactif et toujours en alerte.
  • Etre consciencieux car la SECURITE reste le point d’orgue (pour moi, le personnel, le public, les animaux).

Pourriez-vous nous décrire une journée type ?

Je commence chaque journée à 8h par une tournée de vérification des enclos avant l’arrivée du public. Puis, je gère les réparations d’urgence s’il y en a. Enfin, je m’attèle à mes projets en cours dans l’atelier. C’est donc vraiment important d’être sur place.

Que préférez-vous dans votre métier exercé ici au zoo ?

La diversité ! Les demandes de mes collègues soigneurs et/ou vétérinaires varient souvent. Je dois réfléchir, inventer, trouver des solutions. Je suis toujours dans la créativité. Et que dire du cadre de travail ?! Travailler dans ce décor, avec autant d’animaux …

Comment vous sentez-vous dans votre métier ? Diriez-vous que vous exercez un métier-passion ?

Initialement, je voulais m’orienter vers la menuiserie mais je n’avais pas été admis alors je m’étais alors tourné vers la serrurerie, que j’ai découverte et … adorée ! J’ai eu la chance d’être formé par des anciens qui m’ont transmis leurs connaissances et leurs savoir-faire.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite s’orienter dans l’artisanat et en particulier votre métier ?

Bien regarder et analyser. Apprendre. Etudier avec sérieux le travail du maître d’apprentissage. Plus on en sait, mieux c’est ! Etre manuel bien sûr et surtout, avoir l’envie de travailler.

 

► André BENAYOUN, dit BEN, ARTISAN DÉCORATEUR DE PARCS-ÉBENISTE-COMPAGNON CHARPENTE 

Quel est votre parcours de formation ?

Je suis Compagnon du Devoir Charpente-Menuiserie. J’ai fait mes armes au fil des rencontres, des postes, au contact des autres. C’est ainsi que j’ai gagné en expérience et développé mes compétences.

Comment devient-on ébéniste-décorateur dans un endroit comme le zoo d’Amnéville ? 

J’ai travaillé dans plusieurs parcs/zoos en France et en Belgique. Je me suis enrichi de ces expériences, j’ai développé mon savoir-faire et acquis une certaine reconnaissance qui m’a amené ici au zoo, il y a 21 ans !

Quelles sont vos missions ?

J’imagine et conçois des décors pour le zoo. Pour ce faire, je pars d’une commande puis réfléchis au projet avec ses tenants et aboutissants. Je fais travailler mon imagination pour trouver le bon équilibre entre l’existant et la création à ajouter pour créer un univers nouveau, beau, en adéquation avec la thématique demandée et si possible, qui émerveillera le visiteur. Je me renseigne auprès de mes collègues soigneurs/vétérinaires et sur internet pour m’adapter au plus près à l’animal qui évoluera dans cet univers.

Quelles sont les compétences pour ce métier ?

  • Avoir des compétences techniques, du savoir-faire.
  • Avoir de l’imagination et des idées pour créer.
  •  Etre ouvert aux discussions, à la nouveauté et à l’innovation.
  • Etre un caméléon et savoir s’adapter aux demandes, à l’environnement, aux aléas, aux points de vue qui peuvent être différents des miens.
  • Savoir se réinventer, ne pas se reposer sur ses acquis, être en veille pour toujours apprendre et améliorer les projets.

Que préférez-vous dans votre métier ici au zoo ?

Chaque journée est différente. Je ne connais pas de routine. Ce que j’aime dans mon métier et plus particulièrement ici au zoo, c’est de pouvoir créer ! M’exprimer, ajouter ma « touche » à travers les réalisations et repousser constamment les limites créatrices en m’appuyant sur l’existant, la végétation. Je crée décors et univers autour d’un arbre, par exemple. Je réutilise les matériaux, les anciens décors que je démonte ou modifie pour réaliser quelque chose de nouveau. Toujours en me plaçant du côté du visiteur et aussi de l’animal. Je veux créer l’effet « waouh ». Je rêve que le zoo d’Amnéville devienne une référence et de participer à cette réussite ! Et bien sûr, j’ai la chance d’exercer ma passion dans un cadre incroyable où chaque jour je capte et me gorge des bonnes ondes de la nature, des animaux. Je ne suis pas enfermé dans un atelier. Je travaille en extérieur, dans une « bulle magique » !

Peut-on parler de métier-passion ?

J’adore mon métier. Je ne vois pas le temps passer : ni les journées, ni les années ! Je suis optimiste et tire le positif de chaque situation, malgré les aléas. Je m’adapte toujours ! Cela me permet d’apprendre encore et de m’élever. Mon travail est un savant mélange de générosité et d’équilibre où je cherche l’harmonie entre les matières, le bois, la roche, la flore et la faune. C’est un métier de partage de savoir-faire, de création et d’émotion.

Quels conseils donneriez-vous à un futur artisan ébéniste-décorateur ?

  • Rigueur,

  • Motivation,

  • Travail.

Je lui dirais de profiter de son passage à l’école pour apprendre un maximum de choses, acquérir le plus de connaissances et mémoriser tout ce que maitre d’apprentissage et professeurs lui apporteront car une fois en entreprise, ça ira vite. Il devra être performant. Aussi, être dans une démarche d’amélioration est primordial pour s’élever. Enfin, avoir une activité en dehors du travail pour ne jamais se lasser de son métier et toujours y prendre plaisir. 

 

Nous remercions André et Gilles pour leur accueil et leur disponibilité ainsi que le Zoo d'Amnéville qui nous a permis de rencontrer des artisans passionnés par leurs métiers.

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